Etape 38 - Grossglockner - La longue marche vers le glacier
Samedi 8 juillet 2017. Ma longue marche vers le glacier commence. Devant moi, l'eau de fonte du monstre a formé une vaste étendue d'eau au milieu de la moraine. Des îlots de glace, tels des icebergs minuscules se dressent au milieu du lac gelé.

Le chemin de randonnée débouche là, au pied du lac, longe un moment l'étendue d'eau glacée avant de disparaître tout à fait au milieu des morceaux de roches et de cailloux arrachés à la montagne par la puissance du glacier.

C'est en contemplant cette moraine désormais remplie d'eau de fonte, ses rivages concassés et broyés qu'on se rend compte combien le glacier a depuis reculé. Au moment du percement de la montagne pour faire passer les cabines du funiculaire, il débouchait juste à sa sortie. Désormais, il faut faire plus d'un kilomètre à pied, sans doute deux, pour atteindre la langue de glace du monstre.

Avant de me lancer dans cette aventure, je demande à une jeune Autrichienne qui me devançait de me prendre en photo. Un petit souvenir de plus dans mon long périple à travers le monde...

Enfin, je m'élance. Il va me falloir traverser à pied ce veste champ de pierre et de rocailles, petits rochers minuscules parfois, pierre coupantes souvent, et quelquefois d'immenses blocs de granit arrachés à la montagne par la force surpuissante du glacier.

Cette marche vers le glacier va me prendre au moins une bonne heure. Il faut faire attention à ne pas tomber, à ne pas glisser ou à se cogner la tête contre un rocher en chutant. Escalader un sol ainsi tourmenté demande beaucoup d'attention. J'essaie autant que je peux de me rapprocher de la rive pour avancer, mais certaines fois le chemin conduit à des ravins de deux à trois mètres de haut... Je n'ose pas imaginer les risques de chute qui doivent exister ici, l'hiver venu. Les crevasses doivent être légion...

Je longe le plus longtemps possible le bras d'eau laissé par la fonte du glacier. Derrière moi, les candidats sont de moins en moins nombreux à me suivre dans mon aventure. Tout au fond, j'admire la langue du glacier. J'en suis encore loin.

De l'autre côté de la rive, de minuscules icebergs flottent dans les eaux glaciers. Qui n'a jamais vu de glaciers ne connaît pas leur couleur. Beaucoup les imaginent d'une blancheur immaculée, mais la couche de sédiments qu'ils emportent avec eux en arrachant la roche et la terre leur donne le plus souvent une couche grisâtre. Le blanc, c'est la glace qui ne s'est pas encore frottée aux éléments.

Au milieu de la roche, de minuscules cours d'eau se sont frayés un chemin en taillant leur chemin au coeur de la montagne. Le débit est déjà important et charrie des milliers de mètres cubes de sédiments.

Je progresse encore. Plus j'avance vers le glacier plus le terrain est difficile. La terre, la roche et la glace semblent être comme retournées par une explosion gigantesque. Il n'en est rien. La force du glacier seule a permis cette catastrophe. Du coup, je dois parfois escalader, progresser, puis reculer pour mieux avancer pour m'approcher enfin au plus près du monstre de glace.

Enfin, après plus d'une heure de marche et d'escalade sur les rochers retournés, me voici enfin au pied du glacier. J'en ai le souffle coupé. Quelle beauté extraordinaire. Quelle majesté !



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